La passion des oiseaux que j'ai contracté dans l'adolescence en région parisienne, inoculé par Pierre, mon père, en compagnie de mon petit frère Lilian et de mon copain Etienne, était dormante depuis de nombreuses années. Les hasards du boulot m'on fait baser en Afrique de l'Ouest à partir de fin 2010, d'abord au Mali, puis maintenant en Côte d'Ivoire; depuis, le dormeur s'est réveillé, j'arpente la brousse intensivement, avec jumelles, appareil photo et guide de terrain (le Borrow&Demey, bien entendu).
Alors avec cette rubrique "l'oiseau du mois", je souhaite faire partager quelques émotions apportées par la découverte, au fil des mois puis des années, d'oiseaux particuliers, que ce soit pour leur rareté, leur "gueule", leurs couleurs, leurs attitudes, etc. ou tout simplement parce que, derrière la coche ou la simple observation, il y a une anecdote.
Je vais donc revenir dans le temps, et commencer en avril 2011, alors que je sévissais à Bamako depuis quatre mois. Puis on remontera le temps, au plus vite, pour se mettre à jour.
Phaéton à Bec Rouge - Iles de la Madeleine (Dakar), Sénégal
Ce n'est pourtant pas par un oiseau Malien que la rubrique va débuter, mais par un Sénégalais. Au cours d'une petite virée professionnelle de quelques jours au Sénégal, je me suis réservé quelques heures pour aller sur l'île de la Madeleine, située au large, en face de Dakar.
Les livres disent que l'on y trouve le Phaéton à Bec Rouge, cet oiseau marin à l'allure de sterne, au teint clair - quoique Sénégalais -, bec rouge, de longs filets à la queue. Extraordinaire voilier.
En fait, il ne niche que là et aux îles du Cap-Vert. C'est dire s'il ne fallait pas rater l'occasion d'un passage en territoire Wolof pour tenter de rencontrer cet oiseau "assez rare et localisé", dixit le guide. Localisé, je crois qu'c'est clair; assez rare sans doute. Mais il faut humblement avouer qu'il n'y a aucune difficulté à l'observer - et de près - si l'on prend la peine de dépenser quelques milliers de Francs CFA pour une pirogue permettant de relier Dakar aux îles de la Madeleine. En tout cas en période de nidification, car autrement, l'oiseau doit se ballader en pleine mer, loin des côtes.
Alors, je ne devrais sans doute pas le dire, au risque de détruire quelques réputations, mais il n'y a aucune difficulté à le trouver puis à le photographier; il suffit finalement d'être au bon endroit (plutôt simple, vue l'aire de répartition de l'espèce), et au bon moment (avril est un bon mois, on le saura maintenant).
Le Malien se plait à dire sans cesse "amanogo" (c'est pas facile), voire "amanogo dè !" (c'est vraiment pas facile!); dans le cas présent, c'est plutôt "akanogo dè !" (j'imagine que la traduction n'est pas utile).
Il est vrai que nous sommes au Sénégal, pas au Mali.