Rolle violet, Lamto (Taabo), Côte d'Ivoire, 15 mai 2018
Savane de Lamto (non loin de Taabo), Côte d'Ivoire, encore (?), ce 15 mai 2018. Pour aller chasser on ne sait quoi, on verra bien.
Au petit matin, il est environ 6h30, j'avance lentement en voiture pour tenter de repérer on-ne-sait-quoi-on-verra-bien. Puis ce sont deux gros perroquets qui font leur toilette, perchés sur un arbre mort, à environ 200 mètre de la piste. Je gare, descends de la voiture, prend le matériel, mets mes bottes (c'est ce qu'il y a de plus efficace comme protection contre les reptiles, les fourmis Magnans, et bien sûr si jamais il y a un gué, une mare, une rivière à passer), me jette dans les herbes de la savane boisée pour les approcher.
Approche peu facile, les herbes ont bien poussé; zig-zag entre les arbres, je suis à bonne distance au bout d'environ 10mn. Des Perroquets robustes, un couple; une espèce que l'on rencontre normalement dans ce coin. Une fois n'est pas coutume chez les animaux, la femelle est plus colorée que le mâle, avec un 'patch' rouge sur le haut de la tête. J'observe, je photographie.
Perroquet robuste femelle, Lamto (Taabo), Côte d'Ivoire, 15 mai 2018
Je reste environ 5mn, avant de me dire qu'il y a sans doute mieux à faire que de contempler ces perroquets "habituels" (en tout cas pour ce coin), quand un rapace vient les déloger, pour se percher sur le même arbre mort. L'oiseau n'a pas de couleurs bien particulières, il beigasse; rien en tout cas qui ne mette la puce à l'oreille, d'autant plus que, selon le plumage/ramage, ça ressemble à une espèce d'oiseau de proie immature, qu'il est régulièrement assez difficile d'identifier. Je m'y mets quand même; en fait, je prends d'abord quelques photos pour être sûr d'être en mesure de l'identifier plus tard si jamais il lui prenait l'envie de faire dégagement rapide; non, il semble serein, et je suis bien caché. Je sors les jumelles (mieux pour observer que le téléobjectif), je sors le bouquin, il s'agirait d'un Epervier de l'Ovampo, bien un juvénile donc, forme rousse.
L'espèce a été peu observée en Côte d'Ivoire, entre 15 et 20 observations documentées (je n'arrive pas à compter exactement, cette littérature de référence étant quelques fois difficile pour le... comptage), dont 10 avant 1985 (Thiollay), et la dernière en 1998.
Epervier de l'Ovampo, juvénile forme rousse, Lamto (Taabo), Côte d'Ivoire, 15 mai 2018
Quelques minutes, et le perroquets délogés reviennent survoler l'épervier, criant, à tel point qu'il est alors lui aussi délogé. Tandis que les perroquets, satisfaits, iront se poser plus loin.
Alors le dégagement rapide s'impose à moi à présent, il y a sans doute effectivement mieux à faire. Il n'est pas encore 7h du matin. Au bout de quelques minutes de marche, j'entends de gros bruits dans les herbes à ma droite, bruits qui se font de plus en plus proches. Je me tourne un peu. C'est un troupeau de Buffles de Savane qui me dépasse par la droite, au galop, une dizaine de bestiaux ! Les bovins me dépassent au galop, oui, mais au bout d'une quinzaine de mètres, ils stoppent. Se retournent. Se figent. Puis scrutent l'homme blanc. Il soufflent (l'homme blanc aussi...). Il y a là des mâles, des femelles, et surtout, des petits. Alors il ne s'agit pas de déconner: seul, à pieds, dans la brousse, à plus d'une centaine de mètres de la voiture garée sur la piste. Je me fige également; je ne suis vraiment, mais vraiment pas rassuré. J'ose quand même prendre l'appareil, lentement, et prends quelques photos pour immortaliser cette rencontre avec un "Big Five".
Buffles de Savane, Lamto (Taabo), Côte d'Ivoire, 15 mai 2018
Après quelques minutes d'affairage, les buffles repartent au galop, mais s'en retournent, ils me laissent à mon sort. Ouf ! J'ai rarement eu aussi peur, cette fois-ci.
Dans les années 2000, il subsistait encore dans cette savane un troupeau d'une trentaine de buffles (Lauginie); aujourd'hui, il y en avait un douzaine tout au plus. Alors ou bien la population a encore diminué, ou bien alors le troupeau s'est divisé.
Il est à peine 7h plus; après cette demi-heure, intense, je ne verrai plus grand chose de vraiment intéressant, jusqu'à la fin de la matinée. Il n'y avait sans doute pas mieux à faire, finalement. Certains diraient "tout ça pour ça"; ben oui, tout ça pour ça.
Faucon de Cuvier, Lamto (Taabo), Côte d'Ivoire, 18 octobre 2017