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"Bousier Ivoirien" sortant du maquis, avec son manger à-emporter

"Bousier Ivoirien" sortant du maquis, avec son manger à-emporter

Voilà plus de deux ans que le blog était inactif... Voilà finalement plus de deux ans que mon matériel photographique s'est endommagé à force d'humidité, de poussière, de boue, bref de maltraitance: les optiques ont été complètement "piquées", "champignonnés", l'autofocus ne marchait plus que lorsqu'il le voulait, et, surtout, il ne servait plus à grand chose tant les éléments avaient fait leur œuvre pour bousiller l'intérieur du téléobjectif. La photo ci-contre, d'un Grand-duc du Sahel, donne un exemple de l'ampleur du désastre, et c'est bien dommage.

Puis, le matériel nouveau est arrivé, quelques mois avant le beaujolais. Alors je m'y suis remis.

Hélas , ce retour est intervenu en pleine haute saison des pluies en Côte d'Ivoire, qui cette année, contrairement aux deux précédentes, est une "vraie" saison des pluies. Echaudé, de crainte de détruire une nouvelle fois et (trop) rapidement ce nouveau matériel, je ne mets plus les pieds en brousse lorsqu'il pleut ou lorsque le temps semble menacant; et il pleut quasiment tous les jours, fort, plus particulièrement le matin, à la meilleure heure pour observer les bestiaux.

Alors quand il pleut, je fais ce que je peux depuis mon balcon ou en ville. Il y a de bonnes surprises, même si les espèces observées sont des second couteaux.

Perroquet Youyou - Abidjan Zone 4, Côte d'Ivoire, juin 2017Perroquet Youyou - Abidjan Zone 4, Côte d'Ivoire, juin 2017

Perroquet Youyou - Abidjan Zone 4, Côte d'Ivoire, juin 2017

Touraco Gris (à gauche) et Choucador Splendide - Abidjan Zone 4, Côte d'Ivoire, juin 2017Touraco Gris (à gauche) et Choucador Splendide - Abidjan Zone 4, Côte d'Ivoire, juin 2017

Touraco Gris (à gauche) et Choucador Splendide - Abidjan Zone 4, Côte d'Ivoire, juin 2017

Je tente quand même des sorties en brousse mais pas loin d'Abidjan, pour tester le nouveau matériel, et puis aussi pour me remettre dans le bain: il s'agit de retrouver les automatismes de l'ornitho et du photographe. Repérer, approcher en rampant ou recroquevillé, trouver le bon coin pour affûter, etc.

Pas loin, c'est par exemple le marais d'Assouinde, 70 km environ d'Abidjan vers l'est, sur la côte, avant d'arriver à Assinie, le spot touristique pour farnienter. Je ne verrai pas grand chose de bouleversant durant les premières sorties à Assouinde, mais à tout le moins je teste le matériel.

Oiseau en vol, j'essaie sur une Aigrette Intermédiaire, c'est bien mieux qu'avec mon ancienne vieille pétoire :

 

Aigrette Intermédiaire - Assouinde, Côte d'Ivoire, mai 2017

Aigrette Intermédiaire - Assouinde, Côte d'Ivoire, mai 2017

Je teste, je tire sur tout ce que je peux, joli ou pas, avec des couleurs ou pas, commun, peu commun ou rare. Mais bon, pas grand chose de peu commun ou rare. Je suis content du résultat, en tout cas comparativement à ce que j'ai eu l'habitude, dans le passé.

Le tableau de chasse, ce n'est jusqu'à maintenant que du pékin, de l'oiseau de la rue, comme du "Pigeon Vert", du Pririt. Il y a  quand même des couleurs, ça compense.

Colombaar à Front Nu (le "Pigeon Vert" - à gauche) et Pririt à Collier - Assouinde, Côte d'Ivoire, juin 2017Colombaar à Front Nu (le "Pigeon Vert" - à gauche) et Pririt à Collier - Assouinde, Côte d'Ivoire, juin 2017

Colombaar à Front Nu (le "Pigeon Vert" - à gauche) et Pririt à Collier - Assouinde, Côte d'Ivoire, juin 2017

Pririt à Collier - Assouinde, Côte d'Ivoire, juin 2017

Pririt à Collier - Assouinde, Côte d'Ivoire, juin 2017

Et puis aussi le Gonolek de Barbarie. Cet oiseau là est assez étonnant: il habite normalement dans la bande soudano-sahélienne avec son climat particulier très chaud et sec, et son environnement plutôt de savane boisée, et n'est donc pas a priori pas vraiment adapté à la Côte d'Ivoire, et encore moins au sud de la Côte d'Ivoire où il fait relativement pas trop chaud et surtout où l'humidité est très élevé. On le trouve ainsi au Mali, qui fait partie de cette fameuse bande soudano-sahélienne; en revanche, il n'est présent en Côte d'Ivoire qu'à l'extrême nord (climat et habitat similaires au sud Mali) et, bizarrement, à l'extrême sud-est sur une petite bande côtière allant plus ou moins d'Abidjan à la frontière du Ghana.

A Assouinde, il y a du Gonolek. Mais en près de cinq ans, je n'avais jamais qu'entendu l'oiseau (le cri/chant caractéristique, j'en suis bien familier depuis le Mali), jamais vu, jamais pris; malgré son plumage de faroteur, le gaou préfère rester  bien planqué dans les taillis et les fourrés. Eh bien première sortie à Assouinde avec le nouveau matos, enfin j'arrive à le voir, et même à le photographier. Quelques semaines plus tard, encore, et puis encore d'autres fois plus tard; il y a eu comme une déclenchement.

Gonolek de Barbarie - Assouinde, Côte d'Ivoire, 4 juin 2017 & 21 janvier 2018Gonolek de Barbarie - Assouinde, Côte d'Ivoire, 4 juin 2017 & 21 janvier 2018

Gonolek de Barbarie - Assouinde, Côte d'Ivoire, 4 juin 2017 & 21 janvier 2018

Je pars un jour de fin juin 2017 vers le nord, un tout petit peu au nord en fait, bien en-dessous de Yamoussoukro, du côté de Taabo, pour la savane de Lamto; en espérant que la pluie m'oublie le lendemain. Ce lendemain au petit matin, le temps semble s'annoncer - ouf ! - clément, et je commence à parcourir la savane boisée. Arrivé au sommet d'un petit rebond de terrain, je lève une douzaine de gros gallinacés qui ne pouvait me voir arriver (merci le rebond de terrain), que j'identifie immédiatement comme des Pintades de Numidie. Elles s'envolent et vont se cacher derrière la lisière de la forêt plus ou moins galerie qui borde la savane, à moins de quarante mètre de là où elles ont décollé. On les entend 'gueuler', caqueter (est-ce bien le mot ?); je m'approche de la lisière, elles continuent leur "gueulage", alors je me cache comme je peux à une dizaine de mètre, me plaisant à espérer que les bestiaux ressortiraient, se mettraient à découvert et prendraient ensuite la pose. Sur la gauche une pintade semble particulièrement irritée, et ses cris se rapprochent - je ne vois pas l'oiseau.

Et puis la chance, comme souvent (... entre plusieurs sorties bredouilles, bien évidemment, mais que je passe toujours silence); effectivement, une drôle de tronche avec des bajoues rouges apparaît hors d'un fourré, l'oiseau sort lentement mais nerveusement des herbes, puis se perche sur une branche basse.

Une grosse Pintade de Numidie - que je préfère voir là qu'en kédjénou -, la seule parmi son groupe qui aura bien voulu se montrer hors de la lisière. Elle restera sur la grosse branche, à s'époumoner, une bonne demi-heure: l'affut de fortune, juste une planque sous un arbre, a suffit et a bien fonctionné, jusqu'au moment où j'ai du faire un mouvement trop brusque, piqué que j'ai été par une dizaine de fourmis rouges tombés de l'arbre et qui a tenté la curée sur mon cou.

Selon la littérature, jusqu'au début des années 70, l'espèce était commune dans toutes les savanes de Côte d'Ivoire, et en particulier dans celle où je me trouve ce jour là (Thiollay 1971). Puis, en raison de la pression de chasse, sa présence s'est progressivement réduite principalement aux savanes les plus au nord du pays (Thiollay 1985). C'est ainsi une observation intéressante en ce milieu d'année 2017: la Pintade de Numidie survit finalement encore à Lamto, du côté de Taabo, un peu au Sud de Toumodi, encore un plus au sud, de Yamoussoukro.

 

 

 

Le Retour d'Africornitho et des Pintades de Numidie Ivoiriennes
Le Retour d'Africornitho et des Pintades de Numidie IvoiriennesLe Retour d'Africornitho et des Pintades de Numidie Ivoiriennes
Le Retour d'Africornitho et des Pintades de Numidie Ivoiriennes
Pintade de Numidie - Lamto (près de Taabo), Côte d'Ivoire, 26 juin 2017Pintade de Numidie - Lamto (près de Taabo), Côte d'Ivoire, 26 juin 2017

Pintade de Numidie - Lamto (près de Taabo), Côte d'Ivoire, 26 juin 2017

C'était le 26 juin 2017.

Je suis de nouveau à Lamto le 6 août suivant, roulant lentement sur la piste afin d'arriver à l'un de mes premiers points d'observations, où bien sûr je descendrai de voiture pour prospecter.

Deux pintades surgissent des hautes herbes; surprises par la voiture, plutôt que de retourner à couvert dans les herbes, elles commencent à courrir dans le sens de la piste, comme ferait n'importe quel poulet bicyclette. Je ralentis, elles ralentissent mais continuent d'avancer, puis se calment un peu; juste le temps pour moi de descendre de voiture, avancer au plus vite le long de la piste en longeant les herbes du côté ou les oiseaux ont du mal à me voir pour m'approcher et shooter les gallinacés. Un shoot pour la preuve, car il est tôt, il y a peu de lumière, et le brouillard de la nuit n'a pas complètement disparu, la photo sera médiocre au mieux; mais enfin, pour la preuve que oui ! ce n'était pas un hasard de tomber sur ces poules en juin, un mois et demi après, leur présence se confirme.

La Pintade de Numidie survit à Lamto; ou bien elle est de retour.

Grenouille sp. (?) - Forêt du Banco, Abidjan, Côte d'Ivoire

Grenouille sp. (?) - Forêt du Banco, Abidjan, Côte d'Ivoire

Rollier à Ventre Bleu - Lamto (près de Taabo), Côte d'Ivoire, octobre 2017

Rollier à Ventre Bleu - Lamto (près de Taabo), Côte d'Ivoire, octobre 2017

Tag(s) : #Côte d'Ivoire, #Espèce rare
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